vendredi 2 mars 2018

Le militantisme en ligne comme espace de liberté dans une culture qui pousse au silence


Enfance et extraversion..
Je suis une personne de nature extravertie.
Depuis petite, j'aime être entourée de gens et mes proches me donnent toujours le sourire. Je suis née et j'ai grandi en Afrique, dans une famille où le collectif est extrêmement important. J’ai appris que dans notre culture, il n’était pas possible d'être heureux si ce bonheur n'était pas partagé.
Et pourtant, j’ai également appris à garder le silence...
Plus jeune, je me rappelle avoir souvent ressenti de la frustration lors de conversations avec des personnes adultes. C’était à peine si j'étais invitée à table et on me faisait clairement comprendre que je n'avais jamais mon mot à dire.
Petit à petit, j'ai internalisé tout ça et j’ai pris l’habitude de ne pas attirer l’attention des personnes plus âgées.
En grandissant, je me suis rendue compte que me taire a été utile dans beaucoup de situations. Par exemple, en secondaire, j’ai évité beaucoup de conflits avec des professeurs qui pouvaient avoir des propos problématiques racistes ou humiliants.


Me taire au travail..
Mais ce silence est également extrêmement difficile à vivre à l'âge adulte.
Quand je suis dans une réunion, j'ai du mal à exprimer mon opinion car je ne me sens pas légitime. Et me taire ne veut pas dire que je n'en pense rien. Peut-être que mon opinion peut être intéressante et utile. Je le sais et pourtant, c'est tellement plus facile à dire qu'à faire.
Oser parler est très dur pour moi et c'est extrêmement handicapant dans le monde du travail. Dans un monde où les 'grandes gueules' ont souvent le dernier mot, il est important de se montrer proactif, de se mettre en avant, de montrer son potentiel pour prouver qu'on est meilleur que les autres. Difficile dans ce type d'environnement, de garder le silence.
Je me rappelle avoir eu cette onde de choc un jour en observant une jeune fille. Elle devait avoir le même âge que moi, le même type de parcours. Pourtant, elle adorait s'exprimer, se mettre en avant, prouver qu'elle valait la peine. Et je l’ai enviée pour ça.
Let’s take a seat on the table
Je me rends compte que le militantisme a eu un impact positif sur toutes mes frustrations. Je pense qu'inconsciemment, voir des gueulos, m'a toujours fait fantasmer.

Voilà enfin un endroit où mes prises de paroles étaient vues comme positives. J'avais l'impression d'être vue et traitée d’égal à égal dans ce milieu. Autant dans les réunions face to face que sur le web.
Je pense que ce n’est pas pour rien qu’autant de femmes noires s’expriment et créent des espaces d’expression sur Twitter via des blogs ou des podcasts… Ces espaces sont primordiales car nous sommes habituellement privées des sphères de discussions et de prises de décisions. Comme Solange nous invite à le faire dans son album ‘a seat on the table’, nous reprenons nos droits en prenant une place à table.




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